par Madimba Kadima-Nzuji, PhD

Depuis le 10 mars 2020, la République démocratique du Congo est touchée par la pandémie COVID-19. Au moment où nous écrivons ces lignes, plus de 200 personnes sont infectées et une vingtaine de personnes en sont décédées. La capitale-province de Kinshasa est le principal foyer d’infection notamment le quartier des affaires et des institutions appelé communément « la République » de la Gombe.

Cela a pour principale conséquence le ralentissement de l’activité économique et logiquement la réduction de l’activité de communication. Si la première assertion est validée par les chiffres de la Banque Centrale du Congo, la deuxième l’est beaucoup moins. La créativité des communicants des sociétés commerciales et des associations sans but lucratif s’est exprimée, pas toujours de manière heureuse, avec la ferme intention d’une participation à l’effort collectif et de garder une présence continue dans nos esprits. Le présent article propose un bref tour d’horizon de la communication au temps du COVID19 en République démocratique du COVID19.

Une économie marquée par l’informel, une communication dominée par les multinationales

Avant de commencer cette exploration en terres de communication, il faut nécessairement dessiner les contours de la carte. La plupart des objets de communication observées le seront à Kinshasa. Cependant, il faut partir du principe que l’étendue du territoire nationale est couverte soit par les médias classiques (télévision, radio, panneaux,…) soit par Internet et particulièrement les réseaux sociaux. La communication des institutions publiques a été écartée pour deux raisons principales : d’une part, elle obéit à des règles dominées par le principe d’opportunité politique ; d’autre part, son étude dépasserait le cadre d’un simple article.

Cependant, il semblait important de parler d’autres acteurs « minimes » dans le marché de l’offre et de la demande de biens et services publics à savoir les associations sans buts lucratifs. En effet, dans leur organisation et leur communication, elles se rapprochent plus des sociétés commerciales que de l’Etat. Ensuite, contrairement aux sociétés commerciales, leur cible est plus large et s’étend aux personnes défavorisées.

Une économie marquée par l’informel…

L’économie congolaise est tirée par le secteur des services (40%) et celui des industries extractives (25%). Cependant, sa balance commerciale est déficitaire et le pays est un importateur net de bien et de services notamment des produits manufacturés (70,2 %) et agricoles (20,4%) (OMC, 2015). Friands de capitaux, les services et le secteur minier sont dominés par les multinationales : « Les industries minières à forte intensité capitalistique sont contrôlées par des multinationales et génèrent peu d’emplois » (Banque mondiale, 2015).

Pour rappel, « L‘informel se caractérise par des relations immédiates, le formel permet des relations médiates, à travers des systèmes symboliques où la présence n‘est plus de l‘ordre du réel mais du virtuel.» (Kadima-Nzuji, 2016). En d’autres termes, comme l’explique le Professeur Muyembe en charge de la riposte, « Il faut aussi tenir compte de l’aspect social. Beaucoup de gens vivent au jour le jour et ont besoin de sortir pour gagner leur revenu quotidien » (Gras, 2020).

…une communication dominée par les multinationales

Bien qu’il soit difficile de se procurer les budgets publicitaires, et nous incorporons dans ces budgets ceux liés à la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE), l’estimation peut se chiffrer en millions de dollars américains. Les plus actifs sont les brasseurs, suivis des opérateurs de télécommunication et des banques et ces trois secteurs sont dominés par des multinationales sauf pour le secteur bancaire où les premières banques sont familiales et congolaises.

Les principaux canaux pour atteindre leurs cibles sont respectivement la radio (74%), la télévision (48%) et Internet (24%). La radio est préférée à la télévision en raison d’un déficit dans la fourniture d’électricité domestique. Dans le même ordre d’idée, l’usage d’Internet est freiné par une perception de tarifs prohibitifs pour l’acquisition de téléphones ou simplement de forfaits Internet (Target, 2018). La presse écrite et magazine sont les parents pauvres (8%) et les premiers touchés par le confinement partiel de Kinshasa, les journaux se vendant principalement dans le quartier de la Gombe. Certains journaux ont su prendre plus ou moins le tournant de l’Internet mais n’égalent pas en audience les pure players que sont 7sur7.cd, Politico.cd, Actualite.cd,…

partie 2